Onfray : Qui n’est pas couché ?
Bernard-Henri Levy est un clown
Michel Onfray et vos semblables, penseurs avertis et non convertis, pourquoi vous vous êtes laissés avoir par leur pouvoir ? Pourquoi vous vous êtes laissé faire en sachant que le paradis qu’il promettait était pire que l’enfer ? Pourquoi tous les penseurs issus du peuple ne se sont pas dressés sur sa route pour l’empêcher de provoquer notre déroute ?
Dix certitudes du dimanche… ou peut-être dix manches pour une certitude ! Michel Onfray est loin d’être un manche à balai : il plaît dès qu’il se met à penser… peut-être parce qu’il ne se soumet jamais au prêt à penser. Il oscille comme un pendule entre l’impensé et l’impensable. Et à ce petit jeu, il est imbattable. Il change les codes, démode la mode et se dérobe à ceux qui s’efforcent de l’enrober, l’enrôler ou lui fixer un rôle.
Je suis désolée d’avoir attendu le dimanche pour en parler, parce que je viens seulement de réaliser que tout le monde en parle de cette fièvre du samedi soir enregistrée les jeudis et qui en dit long sur les médias à la masse.
Je vais vous refaire le match en dix manches et je demande pardon d’avance à tous ceux qui sont contre le travail du dimanche ! Ils ne composent pas de dissertation. Ils se reposent…
Première manche :
Onfray défraye la chronique d’entrée en disant « je ne suis pas congolais ». C’est beaucoup plus parlant, plus signifiant que de déclarer « je suis français de souche » y a pas mieux pour moucher ceux qui ne sont pas couchés devant le libre penseur qu’il est, incapable de se contenter d’une banalité. L’originalité c’est sa tasse de thé : il ne peut pas faire autrement que faire autrement. Il n’est pas congolais : voilà de quoi fermer le clapet à tous ceux qui en doutaient ou le prenaient pour un belge congolais.
Il a enfoncé le clou encore plus profond qu’à l’accoutumée : non, il n’est pas niais, ni aliénant, ni aliéné… il est blanc comme neige… blanche neige comparé à nous autres, nains d’Afrique ou de Belgique : « je ne suis pas congolais » c’est ce qu’on appelle : un principe d’identité : je ne suis pas ce que je ne suis pas… autrement dit : je suis… celui que je suis… comme l’a dit Dieu à Moïse.
Deuxième manche :
Je suis le peuple. Je suis issu du peuple même si le peuple est par définition sans issue. La définition la voici : le peuple c’est celui sur qui s’exerce le pouvoir… pas celui qui l’exerce mais celui qui le subit. Dieu merci, Onfray le grand n’est pas marteau, il fait partie des enclumes, des poids plumes dont nous faisons partie. Il pâtit pour qu’on compatisse. Il compatit pour qu’on se rapetisse… qu’on se fasse, comme lui, tout petit. Pour qu’il croisse, il faut qu’on diminue…
Seigneur, quel sens de l’humilité. Il a écrit plus d’un chef-d’œuvre et il ne se prend toujours pas pour un chef. Il a démonté tous les grands, déboulonné toutes les statues, craché à la face de toutes les idoles, foulé au pied toutes les icônes… lui, l’iconoclaste parfait, admet sans rougir qu’il est comme nous tous le jouet du pouvoir qui s’exerce sur lui comme sur le peuple.
Voyons , voyons Michel même si votre définition est pertinente, ce pouvoir que vous prétendez ne pas avoir, il va falloir le reprendre, fissa fissa, sous peine de cesser d’être digne du peuple dont vous vous réclamez.
Troisième manche : vous êtes comme vous ne cessez de le rappeler l’envers de Saint-Thomas, l’auteur d’un énorme traité d’athéologie. Une somme qui assomme. Vous n’êtes pas seulement athée mais assuré et rassuré, pour vous, Dieu n’a pas d’attrait et les croyants ne méritent aucun respect… il faut sans cesse les réveiller et leur rappeler qu’on n’est pas couchés.
L’éveil est sans merveilles, il y a une nature humaine mais aucun Dieu pour la concevoir.
Vous êtes français, pas congolais. Il y a Onfray, pas besoin de Dieu pour le certifier.
Quatrième manche : vous reconnaissez et avec quelque subtilité, dont seul le peuple a le secret que la France pratique une certaine islamophobie à l’extérieur tout en étant « un peu trop » islamophile à l’intérieur… de l’intérieur.
Je traduis pour les élites et les biens pensants : la France ne supporte pas les musulmans chez eux, mais les porte aux nues chez elle. Un raciste ne dirait pas mieux mais comme vous n’êtes pas raciste, je peux vous le dire à vous (mais ça reste entre nous) la France ne supporte les musulmans ni chez elle, ni chez eux.
Cinquième manche : Bernard-Henri Levy est un clown. Je ne vous le fais pas dire. Il a conduit ceux qui exercent le pouvoir au pied du mur de Benghazi à Paris. C’est l’intello-barjot par excellence. Mais vous, Michel Onfray et vos semblables, penseurs avertis et non convertis, pourquoi vous vous êtes laissés avoir par leur pouvoir ? Pourquoi vous vous êtes laissé faire en sachant que le paradis qu’il promettait était pire que l’enfer ? Pourquoi tous les penseurs issus du peuple ne se sont pas dressés sur sa route pour l’empêcher de provoquer notre déroute ?
Vous vous êtes laissés conduire à l’abattoir sous ouvrir la bouche… comme l’agneau de Dieu auquel vous ne croyez pas.
À tous les BHL, vous avez tendu l’autre joue, la joue de l’autre et vous avez le culot de lui reprocher son second soufflet…
La Bosnie ne vous a pas suffi… vous lui avez offert la Lybie !
Sixième manche : vous vous réclamez de Jean-Pierre Chevènement… l’homme politique qui a prouvé qu’on vit bien deux fois : sa vie et la vie des autres aussi. C’est son souverainisme qui vous rattache à lui ou vous le rend si proche. Cela relève de la géo-stratégie : un savant distinguo entre chez soi et chez les autres… comme tous ces étudiants de sciences-pô qui n’ont toujours pas compris que toute volonté politique veut se sentir chez soi même chez les autres. Vous dîtes être de gauche mais pour votre sens de l’orientation, sachez que Chevènement n’est pas de gauche. Il est ambidextre. On connait ses idées mais non ses idéaux. Tiens, tiens, c’est peut-être votre seul point commun.
Septième manche : Libé vous reproche dans un article que vous n’avez pas eu le temps ni l’envie de lire : que vous faîtes le lit de Marine… parce que vous avez fait preuve de bon sens en rappelant aux français leur bonne vieille maxime : « Charité bien ordonnée passe par soi-même ». Il faut être insensé pour reprocher à une âme bien née d’avoir du bon sens, d’être français avec les français et non congolais.
Huitième manche : oui aux réfugiés, avez-vous rectifié mais à condition d’être capable de leur offrir un toit, un emploi et une chemise en soie… mais comme nous n’avons pas les moyens de le leur garantir donc : non aux réfugiés !
C’est d’une logique implacable.
Oui, vous pouvez entrer mais je n’ai pas de clé pour vous ouvrir la porte. Désolé c’est Michel Onfray le français… pas le congolais.
Neuvième manche : je pense donc je suis Michel Onfray… je sais ce que penser veut dire… je sais ce que c’est que s’orienter dans la pensée… rien à voir avec l’orient… ni avec l’occident et sa pensée oxydée… mais tout à voir avec le libre penseur que je suis censé être. Épargnez-moi s’il vous plaît les injonctions de subordination de mauvais interlocuteurs qui n’ont pas osé me poser la seule question qui vaille : qu’est-ce que penser ? Lisez mes livres et vous le saurez.
Dixième manche : Sartre est un affreux bobo… De Beauvoir une sinistre collabo, Sade un enculeur de première et Freud un enculé peu sincère.
Et pour en finir avec toute l’histoire et ses revers, j’ai écrit quelques vers… que je ne me vois pas vous lire… il faut acheter le livre… pour vous racheter… Merci Ruquier !
Conclusion: Et pourtant je partage, je like avec lui, cette perle difficile à faire avaler aux non congolais : il n’y avait pas de menace terroriste avant que nous ne la créions en menaçant les pays musulmans et en les bombardant alors qu’ils ne nous ont rien fait
Source : Personne