Nous continuons à accumuler toujours plus d’indices montrant que l’économie américaine est entrée dans une récession majeure.
La semaine dernière, j’ai rédigé une note sur le Pib américain qui vient de marquer son 3ème trimestre de baisse d’affilée, et juste avant cet article, j’avais expliqué que les défauts sur les dettes de grandes entreprises avaient bondi à un niveau que nous n’avions pas vu depuis la dernière crise financière. Eh bien, maintenant nous venons d’obtenir de très mauvais chiffres concernant l’industrie ferroviaire. Comme vous le verrez ci-dessous, le trafic ferroviaire américain a baissé de plus de 11 % en Avril par rapport à la même période de l’année précédente. Ce chiffre est absolument catastrophique, et l’industrie ferroviaire américaine est lourdement impactée actuellement. Cela nous indique également que “l’économie réelle” ralentit littéralement, puisqu’il y a moins de marchandises transportées par voie ferroviaire au sein des Etats-Unis tout simplement.
L’un des journalistes économiques que j’ai appris à respecter se nomme Wolf Richter, il gère le site WolfStreet.com.
Il a vraiment un œil aiguisé sur ce qui se passe réellement dans l’économie et dans le monde financier, et j’avoue le citer de plus en plus au fil du temps. Si vous n’avez pas encore visité son site, je vous encourage vivement à le faire.
Mercredi, il a publié un article très inquiétant au sujet de l’industrie ferroviaire américaine. Les chiffres que nous avons vu récemment sont ceux qu’il faut s’attendre à voir lorsqu’une dépression économique commence.
Du fait que le trafic ferroviaire américain baisse de manière spectaculaire, de nombreux opérateurs ont un grand nombre de locomotives qui prennent de la poussière en restant ainsi immobilisées. Dans son article, Wolf Richter a partagé des photos provenant de Google Earth qui montrent quelques-unes des 292 locomotives de la société Pacific Union qui végètent au milieu du désert de l’Arizona.
Ces locomotives sont des appareils qui coûtent très chers. Surtout quand elles sont là à ne rien faire, qu’elles ne tirent aucun wagon. On est alors en surcapacité, et ces locomotives deviennent alors très coûteuses. Ensuite, il y a les ingénieurs et les autres membres du personnel qui soudainement deviennent improductifs et donc malheureusement un poids pour l’entreprise. Certains d’entre eux ont déjà été licenciés où vont l’être.
Partout dans le monde, des chiffres similaires tombent. Par exemple, le Baltic Dry Index a chuté de 30 points mercredi après avoir chuté de 21 points mardi. Le commerce mondial est littéralement en train de ralentir durant le 1er semestre 2016. Ce que cela induit, c’est que beaucoup moins de marchandises sont achetées, vendues et expédiées à travers la planète.
Il est de plus en plus difficile pour les autorités de nier le fait qu’une nouvelle récession mondiale ait commencé, et actuellement nous ne sommes que dans les toutes premières phases de cette nouvelle crise.
Une autre indicateur que je surveille de très près est la vitesse de circulation de la monnaie.
Ce qui suit est quelque chose que je vous ai déjà expliqué, mais il convient de le répéter. La vitesse de circulation de la monnaie est un indicateur très important de la santé d’une économie. Lorsque l’économie se porte bien, les gens se sentent généralement confiants et l’argent circule librement à travers le système. J’achète quelque chose qui vous appartient, puis vous prenez cet argent et achetez à votre tour quelque chose à quelqu’un d’autre, etc…
Mais lors de périodes difficiles, les gens ont tendance à conserver leur argent et c’est la raison pour laquelle la vitesse de circulation de la monnaie chute lorsque des récessions frappent. Comme vous pouvez le constater sur le graphique ci-dessous prêté généreusement par la Fed de Saint Louis aux Etats-Unis, les zones plus sombres représentent les récessions, et vous pouvez vérifier que la vitesse de circulation de la monnaie a baissé au cours de chaque récession depuis 1960. Alors, pourquoi la vitesse de circulation de la monnaie a continué de chuter depuis la fin de la dernière récession alors que nous serions soit-disant en pleine phase de reprise ?
Au cours de la dernière récession, la vitesse de circulation de la monnaie a diminué abruptement, ce qui est parfaitement logique. Mais une drôle de chose est arrivée. Il y avait eu un léger rebond une fois la phase récessive terminée, mais bizarrement, le rebond n’a pas tenu et l’indicateur s’est à nouveau inversé pour repartir vers de nouveaux plus bas .
Aujoud’hui, la vitesse de circulation de la monnaie vient d’atteindre son plus faible niveau. La vitesse de circulation de la monnaie (Velocity of M2 Money Stock) vient de plonger sous 1,5 pour la première fois. Un RECORD !
Ce n’est certainement pas le signe d’une “reprise économique”. Bien au contraire, cela nous indique que notre économie va très très mal.
Et à part si vous avez des œillères, vous pouvez le vérifier tous les jours tant les problèmes et signaux d’alerte s’accumulent tout autour de nous. Par exemple, le Los Angeles Times rapporte que le nombre de sans-abri à Los Angeles a augmenté de 11 % l’année dernière, et c’est la quatrième année consécutive que le nombre de sans-abri a augmenté dans cette ville…
N’oublions pas que près de la moitié du pays en est presque rendu à ce stade.
Tout récemment, la Réserve fédérale a constaté que 47 % des Américains sont incapables de sortir 400 dollars pour couvrir les frais relatifs à une simple visite aux urgences sans devoir emprunter ou vendre quelque chose.
Avec tous les chiffres que nous venons d’énumérer, comment peut-on peut prétendre que l’économie américaine se porte bien ?
Cela dépasse l’entendement, et pourtant il y a des gens aux Etats-Unis qui font tout pour vous faire croire que l’économie se porte bien.
L’occupant actuel de la Maison Blanche en est l’un d’entre eux.
Chaque mois, la situation de l’économie réelle s’aggrave. Nous ne pouvons pas encore affirmer que nous sommes réellement dans une dépression économique, bien que nous nous en rapprochions.
Pour l’instant, soyons reconnaissants pour ce qui nous reste de prospérité alimentée par la dette, parce que ce confort de vie qui en découle, nous ne le méritons pas.
Nous consommons beaucoup plus que ce que nous produisons et ce depuis des décennies, mais ça ne pourra pas durer très longtemps. Et lorsque ces jours seront révolus pour de bon, nous les regretterons amèrement.
Source : business bourse
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