Devant l’entrée de l’escalier principal qui mène à “Tel-Aviv Plage”, un service de sécurité a été mis en place sous un chapiteau. Des officiers de sécurité (certains arborent des tee-shirts de l’entreprise Isopro) font avancer les visiteurs et vérifient qu’ils vident bien leurs poches pour en montrer le contenu, tandis que deux officiers de la police nationale fouillent les sacs et utilisent un détecteur de métaux.
Aux abords du chapiteau, un homme au ventre rebondi, petites lunettes et chemise bleue, surveille l’avancée de la file. C’est Jean-Claude Nataf – qui use de plusieurs pseudonymes –, un des fondateurs de la branche française de la Ligue de Défense Juive (LDJ). En 2014, Libération affirmait que le gouvernement étudiait la possibilité de dissoudre ce groupuscule.
Jean-Claude Nataf de la LDJ présent pour “voir si tout va bien”
Ce jeudi 13 août, Jean-Claude Nataf scrute la foule, salue certains visiteurs, retourne discuter avec le service de sécurité, se balade d’un “point d’entrée” à un autre pour “voir si tout va bien”. Aux alentours de 13 h, deux connaissances s’approchent, il les fait passer devant la cinquantaine de visiteurs qui font la queue, et ils se soumettent à la fouille. Il réitèrera cette exception une dizaine de fois en quelques heures avec journalistes, visiteurs qui lui serrent la main ou encore avec Arno Klarsfeld, qui rentre vers 14h30 sans être contrôlé par les forces de l’ordre. À chaque fois, il suffit que Jean-Claude Nataf montre au personnel de sécurité que ces “privilégiés” sont avec lui pour qu’ils passent en premier devant les autres, sans qu’aucune question leur soit posée.
A ses côtés, un petit homme à la veste renforcée, une oreillette coincée dans l’oreille, ne le quitte pas des yeux. “Je suis juste là comme vous”, nous affirme-t-il. Pourtant quelques minutes plus tôt, il avait chargé un photographe indépendant qui se fait appeler “NnoMan”, venu sans accréditation ni carte de presse couvrir l’événement. “Des personnes n’ont pas supporté que je prenne des photos. Je me suis fait insulter et une personne de la sécurité s’est jetée sur moi au moment où je partais, pour me donner un coup de pied, nous explique-t-il. On m’a refusé l’accès à “Tel Aviv sur Seine”, j’ai seulement pu accéder à “Gaza Plage””. Quelques minutes plus tard, une jeune femme arborant un tee-shirt avec le drapeau palestinien se fera frapper par une femme qui attendait dans la file.
>> À lire aussi: notre reportage à Tel-Aviv sur Seine
La LDJ en coopération avec la préfecture ?
“Qui est-ce qui s’occupe du checkpoint?”, lance un policier après que l’altercation s’est calmée. “Ah ben c’est plus nous ça, c’est la sécu”, lui répond un collègue. Pendant ce temps, Jean-Claude Nataf est toujours aux côtés des forces de sécurité au point d’entrée. Quel est son rôle dans cette “sécu”? Interrogé sur place par les Inrocks, Jean-Claude Nataf nous assure qu’il travaille “en coopération avec la préfecture et avec la mairie de Paris”. “Il y a des services de sécurité extérieur pour les grands rassemblements, c’est normal. On aide, pour que tout se passe bien.
Contactée par les Inrocks, la préfecture dément pourtant “formellement la participation de la LDJ au service de sécurité”, tandis que la mairie de Paris ne semble même pas au courant de la présence du groupuscule sur place. Sur son compte Twitter, la Ligue de Défense Juive (“LDJ Paris”) a quant à elle affirmé, à la suite de la publication de notre papier, que tous “les membres de la LDJ sont en Israël en ce moment” et assure “ne pas connaître” la personne qui a pris en photo le badge d’une journaliste des Inrockuptibles.
Source : les inrocks