RFID : controle des populations
la police numérique arrive et ses pouvoirs sont illimités
Vivre avec une puce électronique sous la peau, c’est désormais possible et même recommandé. Les Implant parties fleurissent un peu partout en Europe et l’une est d’ores et déjà prévue à Paris, le 13 juin, organisée par le collectif de biohackers suédois Bionyfiken.
RFID : la police numérique arrive et ses pouvoirs sont illimités
Au menu : conférences (en anglais) et pose d’implants NFC (garantie indolore). Festives et hitech, ces soirées vantent les mérites de cette dernière folie technologique : plus besoin de badge pour s’identifier, de carte bancaire pour payer ou de code pour déverrouiller son smartphone ou son ordinateur.
La puce permet aussi le stockage de données personnelles directement lisibles sur un terminal de lecture. Selon ses promoteurs, il s’agit avant tout d’améliorer nos capacités d’êtres humains par la biotechnologie et d’optimiser notre rapport à l’environnement ; en bref, nous faciliter la vie et nous rendre plus efficaces. Il s’agit aussi de préparer l’opinion publique à ce qui sera demain la norme quand les pouvoirs publics rendront le puçage obligatoire.
Pratiqué aux États-Unis depuis une dizaine d’années, le puçage cutané s’étend rapidement en Europe. Certaines entreprises suédoises proposent déjà l’implant de puces à leurs employés afin de les rendre plus productifs, et en Espagne, elles servent de moyens de paiement dans certaines discothèques. Mais l’affichage promotionnel du procédé cache mal sa finalité réelle. Les volontaires de ce marquage électronique dernier cri sont en réalité les cobayes d’un projet d’envergure qui vise ni plus ni moins qu’à rendre l’individu totalement transparent et à le livrer pieds et poings liés aux dispositifs de surveillance et de contrôle.
Identifier et suivre les objets
La technologie RFID (Radio Frequency Identification) permet d’identifier un objet ou un être vivant, d’en connaître les caractéristiques et d’en suivre le cheminement, le tout à distance et sans contact, grâce à une étiquette émettant des ondes radio, attachée ou incorporée à l’objet. Les informations sont stockées sur le produit où l’étiquette est collée ou implantée, et transmises au lecteur RFID par ondes radio. La RFID est utilisée pour la traçabilité de certains produits ou objets, l’identification des animaux d’élevage (remplaçant le tatouage) ou des individus (par stockage des données biométriques dans les badges électroniques, passeports, cartes d’identité ou d’assurance maladie, titres de transport ou permis de conduire). De plus en plus présentes dans la vie quotidienne, leur usage est amené à s’étendre toujours plus, car il est encouragé par les pouvoirs publics. Plusieurs pays européens imposent ainsi la pose de puces sous-cutanés pour l’identification des animaux domestiques et, en France, des maternités proposent des bracelets électroniques visant à prévenir l’enlèvement des nourrissons.
Une technologie à hauts risques
Certains dangers liés à l’usage de la RFID ont déjà été relevés. Si elle ne permet pas théoriquement la surveillance continue des individus, contrairement aux GPS dont sont pourvus les smartphones, l’ensemble des données à caractère personnel contenues dans les puces RFID que nous utilisons, souvent à notre insu, pourrait permettre par recoupement une identification à distance des personnes et de leur pratiques de consommation. De plus, le piratage est toujours possible : ces ondes étant rarement cryptées, il est très facile de les intercepter et même de les copier sur un autre support, et ainsi d’usurper l’identité d’autrui. Et rien n’interdit d’y placer des « cookies« , comme ceux qu’envoient les sites Web, afin de suivre à la trace le trajet des objets ou des personnes ainsi identifiés. Le risque de traçabilité des individus et le faible niveau de protection de leurs données personnelles ont suscité l’inquiétude de la CNIL.
L’aspect sanitaire pose également problème, la dangerosité des ondes électromagnétiques émises par ce nouveau procédé s’ajoutant à celle des ondes déjà présentes dans la téléphonie mobile et les systèmes Wifi. Ainsi, un rapport de l’AFSSET déconseille une exposition continue aux ondes de la RFID et préconise une distance minimale d’au moins 20 centimètres ; deux recommandations bafouées par le procédé de l’implantation cutanée. De fait, de nombreuses études révèlent déjà un lien entre implant et survenue de cancers, et au vu de leurs résultats, on peut légitimement penser que cette nouvelle technique sera l’un des prochains scandales sanitaires.
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La société sous l’œil des puces
Mais le danger principal est surtout d’offrir aux récents projets de surveillance généralisée des populations un outil parfaitement adapté et efficient. Implanté dans le corps de l’individu, la RFID devient l’instrument de contrôle social sans doute le plus redoutable jamais conçu. Le stockage quasi-illimité des données personnelles permet de l’identifier à distance, de savoir (presque) tout de lui et de le suivre dans tous ses déplacements. Le gouvernement anglais confronté à la surpopulation des prisons étudie la possibilité de remplacer le bracelet électronique, jugé encombrant, par un implant pour surveiller les personnes sous contrôle judiciaire. La Suède, le pays européen le plus avancé dans le projet d’implantation des puces sous-cutanées, est aussi le premier à interdire le paiement en espèces : aucune transaction ne doit désormais échapper au regard intrusif de l’État, ni aucun individu ne doit s’affranchir de l’emprise du système bancaire. En France, la surveillance électronique par RFID viendra compléter les dispositifs de surveillance numérique, prévus dans la loi sur le renseignement, en facilitant le profilage électronique et la géolocalisation des personnes jugées à risque, ainsi que les dispositifs de surveillance de l’espace public, notamment l’usage de la vidéosurveillance intelligente permettant d’identifier les individus dans une foule par reconnaissance faciale et de repérer les comportements « suspects ».
La RFID, une arme de guerre
Utilisée pour la première fois en 1940 à des fins militaires (afin de reconnaître les avions amis ou ennemis), la RFID est aujourd’hui l’une des armes qui permet au pouvoir de gouverner par la guerre. Fusion progressive de la sécurité intérieure et de la défense nationale sous les auspices du Livre Blanc, explosion des moyens alloués au renseignement préventif dans la dernière loi sur le renseignement, militarisation permanente de l’espace public par les plans Vigipirate sous couvert de guerre sans fin contre le terrorisme (et par amalgames successifs contre toute forme de contestation radicale), traque de l’ennemi intérieur socio-ethnique et des déserteurs de la Grande mobilisation contre le terrorisme (ceux qui ne sont pas « Charlie »), fantasme d’une « cinquième colonne islamiste » dans les banlieues françaises sur fond de guerre de civilisation… c’est toute la distinction entre temps de guerre et temps de paix qui vole en éclat et nous plonge dans un état de guerre permanente.
Guerre militarisée ou guerre de basse intensité, l’objectif est toujours identique : par l’usage de la force brute, contraindre l’adversaire à se soumettre à nos propres volontés, comme l’écrivait Carl v. Clausewitz. Et le moyen aussi : laisser à l’adversaire le moins de liberté possible, ce à quoi s’emploient activement les gouvernements successifs depuis une quinzaine d’années en promulguant une série ininterrompue de lois qui réduisent toujours plus les libertés publiques.
La RFID, comme les autres outils technologiques de surveillance et de contrôle alimentant le renseignement préventif, sert le projet totalitaire d’une société d’individus dans laquelle toute notion de vie privée a été abolie et placée sous la domination totale et permanente de l’appareil d’État.