Journaliste indépendant et fondateur du site d’investigation Panamza, j’ai été détenu durant sept heures par la police au sujet d’un article dans lequel je révélais l’origine israélienne de la photo-choc du Bataclan.
Lundi 22 février, je me suis rendu de mon plein gré à une convocation de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne, située dans le 13ème arrondissement de Paris.
L’avant-veille, j’avais reçu un message vocal de la part d’un responsable de la « Direction de la police judiciaire » me demandant de le rappeller « de toute urgence ». En cause : mon article daté du 15 décembre et intitulé « Carnage au Bataclan : la photo-choc a été diffusée depuis Jérusalem ».
Je connaissais les locaux de la BRDP pour y avoir déjà été convoqué à deux reprises afin de me faire brièvement notifier les plaintes pour « diffamation » intentées à mon encontre par Caroline Fourest et Pierre Bergé.
Surprise : cette fois-ci, j’apprenais que j’étais, dès mon arrivée, « placé en garde à vue » à la suite d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris.
Le policier me fit savoir que j’étais dorénavant soupçonné d’avoir commis -en publiant mon article- les infractions suivantes : « violation du secret de l’instruction », « diffusion d’images portant gravement atteinte à la dignité humaine » et « violences volontaires sans ITT avec préméditation ».
Vous avez bien lu.
Je fus conduit en cellule pour attendre la venue de mon avocate Isabelle Coutant-Peyre afin qu’elle soit présente, comme la loi le permet, lors de mon interrogatoire.
Après cette audition au terme de laquelle on me fit lire et signer le procès-verbal de mes déclarations, je fus reconduit en cellule dans l’attente de la réponse du parquet. Cinq heures après, je quittais cette pièce vétuste et fermée à double tour pour apprendre qu’aucune décision n’avait été prise par le substitut du procureur de la République.
On m’autorisa dès lors à récupérer mes affaires et à m’en aller, enfin libre.
En remontant le parcours sinueux de la photo-choc (anonyme) du Bataclan, j’avais effectué mon travail de journaliste d’investigation : celui consistant à étayer son article par le renvoi aux sources. Dans mon papier, j’ai donc inséré le lien URL de la première page internet comportant cette image non floutée (que j’avais choisi de tronquer sur mon site).
En l’occurrence, il s’agissait étrangement d’un tweet publié par une organisation israélienne dirigée par le néoconservateur américain Mark Gerson.
Ma pratique –de plus en plus coûteuse et risquée– d’un journalisme web ultra-sourcé constitue précisément le gage de ma fiabilité auprès de mes lecteurs : je leur donne à consulter mes sources afin qu’ils puissent juger par eux-mêmes de la véracité de mes informations.
Aujourd’hui, le parquet de Paris -qui dépend directement du ministère de la Justice- estime que j’aurais « violé le secret de l’instruction » et commis une « violence volontaire préméditée » en « diffusant » la photographie nécessairement incluse dans ce tweet.
Dont acte.
J’ai déjà fait savoir lors de mon audition de garde à vue que je contestais avec la plus grande force le bien-fondé de telles accusations.
Le parquet de Paris, dirigé par François Molins, a désormais six mois pour décider de mon éventuelle mise en examen.
Dans le collimateur
Rappel : le 1er décembre, le gouvernement Valls avait affiché -via son délégué interministériel Gilles Clavreul- son hostilité à mon encontre en confessant maladroitement rechercher « les failles juridiques pour arriver à des poursuites ».
Entretemps, l’arrivée de Jean-Jacques Urvoas à la tête du ministère de la Justice s’accompagna, plus discrètement, d’un autre changement passé inaperçu. Thomas Andrieu, alors directeur des libertés publiques et des affaires juridiques du ministère de l’Intérieur (et ex-bras droit de Manuel Valls) est devenu –le 5 février– directeur du cabinet du nouveau ministre de la Justice.
Le 2 décembre, j’avais consacré un papier à ce proche de la nébuleuse pro-israélienne. Architecte de la mise en place de l’état d’urgence, Thomas Andrieu était auparavant chargé de réaliser la promesse gouvernementale -finalement non tenue- de la dissolution de la Ligue de défense juive.
Détail éloquent : dans mon article « Carnage au Bataclan : la photo-choc a été diffusée depuis Jérusalem », j’avais également mis en cause la LDJ en soulignant que cette milice sioniste et raciste, tolérée en France (mais considérée comme un groupe terroriste aux Etats-Unis et en Israël), avait directement publié sur la page d’accueil de son site la photographie macabre du Bataclan.
Reste désormais à connaître en détail quel fut l’itinéraire emprunté par cette photographie destinée à susciter l’effroi -et dont l’authenticité est très discutée sur les forums étrangers- pour se retrouver sur le compte d’un webmaster installé à Jérusalem.
Nulle surprise, en tout cas, que le site de la Ligue de défense juive -groupuscule lié aux réseaux similaires de la droite extrême israélienne- ait publié aussitôt le cliché sur son site.
Sans s’attirer -évidemment- la colère de Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur particulièrement complaisant envers les agissements de la mouvance sioniste et ceux de son relais opérationnel en France : le Mossad.
Surprise, surprise : accompagnée du titre explicite « Bataclan : photo des victimes », l’image-choc, dont la publication par la LDJ fut exposée un mois plus tard sur Panamza, a depuis été remplacée par une illustration hors-sujet représentant… les sièges de la salle.
Quelqu’un, en haut-lieu, a donc préservé la LDJ de toute convocation policière en enjoignant discrètement son responsable à retirer cette photographie.
Quant à moi, pour avoir factuellement remonté la source israélienne de cette image instrumentalisée -via les réseaux sociaux- dans le but d’instiller la peur et l’acceptation de mesures liberticides, j’ai été détenu, à la demande du parquet, par la police durant sept heures.
Désormais, je suis sous la menace de nouvelles poursuites judiciaires susceptibles de me faire encourir, cette fois-ci, une peine d’emprisonnement.
Je ne me fais aucune illusion, d’ores et déjà, sur l’indifférence à venir de la corporation médiatique traditionnelle à propos de ma mise en garde à vue et de sa suite. Pour avoir exercé, depuis huit années, mon métier de rédacteur-enquêteur spécialisé sur les sujets tabous que sont la mouvance sioniste et le terrorisme sous faux drapeau, je revendique mon statut d’outsider de la profession, à savoir -pour reprendre l’expression de Glenn Greeenwald– un « journaliste qui n’a jamais fait partie du sérail ».
Je ne compte pas davantage sur le soutien public de certaines personnalités et associations pourtant engagées, de manière générale, contre la désinformation ou le régime d’apartheid israélien : la plupart ont malheureusement accepté d’incarner à l’avance les idiots utiles du gouvernement Valls en reprenant parfois à leur compte la dénonciation à la mode -mais digne des anciens régimes totalitaires- du « complotisme », nouvelle escroquerie intellectuelle destinée à diaboliser quiconque remettra en cause toute parole officielle.
Source : Panamza
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