Le moins que l’on puisse dire est que la situation de Martine, cette retraitée contrainte de vivre dans sa voiture sur un parking de supermarché de Saint-Paul-lès-Dax, a fait réagir. Des lecteurs se sont présentés spontanément pour lui proposer un logement et les témoignages de sympathie ont afflué sur les réseaux sociaux. En revanche, d’autres ont très peu apprécié la version donnée aux médias par la sexagénaire.
En premier lieu la directrice adjointe éducative de la Maison du logement, Muriel Lassus : « Cette personne a bénéficié de quinze mois d’accompagnement par nos services dans le cadre d’un projet logement, explique-t-elle. Nous lui avons fait plusieurs propositions qu’elle a toutes refusées car les logements ne lui convenaient pas. Elle a ensuite choisi elle-même un logement trop cher contre notre avis et s’est retrouvée expulsée quelques mois plus tard… Nous lui avons alors proposé un nouvel accompagnement, lié à cette nouvelle situation : des mesures de curatelle, de protection, une procédure de désendettement, qu’elle a rejetées en bloc. C’est tout un travail de longue haleine mené par des professionnels qui s’est trouvé réduit à néant. »
Martine, qui a préféré devancer l’arrêté d’expulsion et quitter son logement dès la réception de l’avis, ne nie pas qu’elle a rompu les liens avec la Maison du logement de son propre chef : « Parce qu’ils ne faisaient rien et que je ne m’entendais pas avec la médiatrice, argue-t-elle. Quant à la procédure de désendettement, je ne les ai pas attendus pour l’engager avec mon avocat. Mais peut-être que j’ai eu tort de vouloir me débrouiller toute seule… »
« Pas en deux jours »
Martine assure ainsi que la Maison du logement, pas plus que XL Habitat, l’office chargé de l’attribution des HLM, ne lui ont fait de propositions de relogement, l’obligeant à trouver refuge dans sa voiture. Une version contestée par Sandrine Lafaure, directrice de la gestion locative à XL Habitat : « Elle a fait une première demande classique il y a deux ans et nous lui avons envoyé un courrier avec la description du logement que nous lui proposions et qu’elle a refusé. Elle est dans un cas assez classique de gens qui demandent un logement dans des zones tendues, à savoir l’agglomération dacquoise ou la côte, qui plus est un T2 en rez-de-chaussée avec un garage, une douche à la place d’une baignoire, et d’autres critères qui rendent la recherche très difficile. D’autant qu’il manque des pièces dans son dossier… »
En attendant, Martine, malgré une pension de retraite de 1 200 euros et la présence de membres de sa famille dans l’agglomération dacquoise, vit donc dans sa voiture, puisqu’elle a également refusé de se rendre à l’accueil de nuit de Dax sous prétexte que les chiens doivent rester dans des cages à l’extérieur. « Certes les chiens n’y sont pas acceptés, mais on y trouve un lit, de quoi entretenir son hygiène et surtout, le soutien de professionnels qui peuvent aider à se sortir de ce genre de situations », souffle Muriel Lassus.
Martine assure pour sa part, par la voix d’Emmanuel Klein, de Droit au logement, qu’elle a envoyé des lettres à la préfecture, à la mairie de Dax et au député Jean-Pierre Dufau, restées sans réponse. « Peut-être qu’on lui reproche d’avoir du tempérament et de ne pas se laisser faire », soutient Emmanuel Klein, qui s’interroge : « Pourquoi les services sociaux ne nous contactent pas directement pour en parler ? »
à XL Habitat, on assure suivre son dossier de très près : « Elle aurait mieux fait de téléphoner à l’office plutôt qu’à la presse, estime Sandrine Lafaure. Mais son dossier ne sera pas mis de côté pour autant, ce n’est pas le genre de la maison. On continue d’essayer de trouver une solution mais compte tenu de ses critères, cela ne se fera pas en deux jours. »
Source : Sudouest