L’affaire s’est faite connaître samedi 5 juillet au matin dans les médias, mais elle a débuté en réalité quelques jours auparavant. Mardi 1er juillet au soir précisément et depuis mercredi 2 juillet, France Mayotte matin recherchait déjà des informations.
Le juge d’instruction Hakim Karki est accusé de viol par une jeune femme, les deux versions ont été recueillies et laissent apparaître une histoire incroyable aux répercussions qui vont faire vaciller l’ensemble de l’appareil judiciaire français. Les mot sont lâchés, sur le 101ème département qui découvre que son juge se retrouve en garde-à-vue : “c’est un complot”.
Celui qui incarne pour la population le pilier de la justice à Mayotte depuis des années, une justice digne et courageuse n’ayant pas peur de s’attaquer aux forces de l’ordre et aux autorités en mettant en cause des policiers, des gendarmes dans l’affaire Roukia, dans le dossier du Groupement d’Intervention Régional impliqué dans un trafic de drogue en bande organisée, Hakim Karki, est placé en garde-à-vue, Il est en effet accusé de viol par une jeune femme.
Les faits remontent à mardi 1er juillet 2015, ils se seraient produits en fin de soirée. Une plainte a été déposée par la victime le lendemain et une enquête a été ouverte dès jeudi 3 juillet. Le procureur de la République pour sa part, Joël Garrigues, pour des raisons évidentes de bonne administration de la justice, s’est alors immédiatement dessaisi, laissant la main au parquet de La Réunion.
Les enquêteurs du commissariat de Mamoudzou, ont été contraints de faire de même, travaillant au quotidien avec le magistrat. Ni la police, ni la gendarmerie n’étaient en mesure de mener les investigations qui ont été confiées à la sureté départementale réunionnaise dont 3 fonctionnaires ont fait le déplacement dès vendredi dernier.
Samedi matin, Hakim Karki a été convoqué, à 8h30 du matin, son placement en garde-à-vue lui était signifié. Mais quels sont les faits qui lui sont reprochés ?
La rédaction s’est entretenue avec le juge mis en cause qui a fourni ses explications en off. La victime a elle aussi été rencontrée et elle raconte.
Mardi soir, avec une amie, elle passait la soirée dans un restaurant de la place, lorsque le magistrat qu’elle connaissait car faisant partie des proches de son entourage est venue la saluer. Chemin faisant, Hakim Karki s’est attablé et une conversation a débuté. Sans alcool ou alors très peu, le juge n’étant pas porté sur la bouteille.
Mais très rapidement durant le dîner, la conversation a pris une drôle de tournure, axée sur les relations entre hommes et femmes et notamment sexuelles.
La jeune femme raconte qu’elle n’imaginait pas avoir une relation avec un homme sans éprouver de l’amour, lorsque Hakim Karki tournait son argumentaire autour d’un éternel rapport de force, entre hommes et femmes, ces dernières attendant de la virilité, voire de la brutalité pour prendre du plaisir. Les mots sont montés alimentés par le désaccord au point que le restaurateur qui faisait des allées et venues pour s’enquérir de ses convives, a demandé à ce que le ton s’apaise. L’heure tournant, rapporte encore la jeune femme, son amie a quitté la table pour rentrer chez elle, une grosse journée de travail l’attendant le lendemain.
Hakim Karki s’est donc retrouvé seul avec celle qui soutenait la thèse amoureuse sentimentale et le repas s’est achevé, quelques temps plus tard. Le magistrat habitant Passamainty, tout comme la jeune femme, celui-ci s’est proposé de la ramener chez elle et faisant confiance à l’homme, elle a accepté.
C’est arrivé au rond point du Baobab à M’Tsapéré que les choses se seraient gâtées, selon elle. Le juge, plutôt que d’aller tout droit, aurait fait un tour complet du giratoire, et aurait pris une autre direction, jusque devant son appartement. Racontant la suite, S. la victime explique que myope, elle ne savait plus où elle était, n’y voyant pas grand chose la nuit. Mais au moment où le véhicule s’est immobilisé, elle aurait reçu une énorme gifle, la sonnant pendant quelques secondes.
Ne réalisant pas encore ce qui lui arrivait, elle détaille qu’elle s’est retrouvée “bloquée” prise au niveau de la mâchoire et de la gorge lorsque sa tête a été amenée “jusqu’à la braguette” du juge qui l’aurait forcée à lui pratiquer une fellation.
Elle se serait encore débattue, recevant encore des coups alors qu’elle tentait de se défaire de son agresseur qui aurait fini par aller au bout de son désir avant de la relâcher. Groggy, réalisant la gravité de ce qui venait de se produire, elle répond aux questions de savoir pourquoi elle n’avait pas crié. Tout d’abord, la surprise, puis l’incompréhensi
Selon elle toujours, Hahim Karki serait sorti de la voiture lui demandant de la suivre jusqu’à son appartement. Elle l’a alors suivi, ne sachant pas quoi faire, quoi penser, voulant que les choses s’arrêtent et à l’intérieur, elle aurait tenté de lui faire comprendre que ce qui s’était produit était gravissime. Elle était aussi pétrie de peur, n’osant plus rien faire par crainte que les coups ne ressurgissent.
Le magistrat lui aurait resservi le même argumentaire des relations hommes femmes qui ne pouvaient se dérouler sans rapport de force.
Et les choses auraient à nouveau dégénéré, Hakim Karki saisissant la jeune femme les cheveux et par la gorge, lui tordant le coup avant de la pénétrer par derrière.
Il aurait donné une serviette à sa victime afin qu’elle s’essuie, selon S. qui s’est effondrée en sanglots sur le canapé, bouleversée, terrorisée, avant que Hakim Karki ne lui demande si elle voulait boire quelque chose. Désorientée, elle se souvient qu’elle ne savait plus quoi faire, craignant d’être frappée si elle refusait. Elle aurait alors accepté un verre de rhum arrangé fait maison qu’elle aurait commencé à boire avant que le juge ne lui demande si elle voulait dormir avec lui. Elle aurait répondu par la négative, mais tout en proposant la possibilité pour le lendemain ce qui aurait convenu au magistrat qui l’aurait reconduite chef elle, comme si de rien n’était.
Les détails sont là, et ils correspondent points par points à ce que le juge Karki a expliqué à la rédaction de France Mayotte matin avant son placement en garde-à-vue, et ce, à quelques détails près. Car la plus grosse différence dans les deux récits, vient du consentement.
Hakim Karki explique que c’est la jeune femme qui lui aurait demandé les coups au cours d’une relation sexuelle désirée, lorsque S. affirme tout le contraire et soutient qu’elle n’était pas consentante, qu’elle ne voulait pas avoir de relation sexuelle avec cet homme et qu’elle ne désirait pas se faire frapper.
C’est la raison pour laquelle, la victime s’est rendue au commissariat de police mercredi pour déposer plainte. Des examens ont été réalisés au Centre Hospitalier, confirmant bien la relation sexuelle et les coups portés.
Et c’est là que repose la principale certitude : il y a eu relation sexuelle, tout le différend repose sur le consentement.
Dès le jeudi matin, les enquêteurs ont convoqué pour audition le restaurateur où s’était déroulé le dîner du mercredi, mais aussi l’amie de S. avec qui elle était venue.
Le parcours décrit par S a été retracé par les policiers avant que le parquet ne se dessaisisse de manière aussi naturelle qu’obligatoire au profit du ministère public du département voisin.
Les 3 fonctionnaires de police sont arrivés vendredi de l’Île de la Réunion, le lendemain matin à 8h30 comme dit plus haut, ils procédaient au placement en garde-à-vue du magistrat. Les auditions auront duré longtemps, très longtemps, jusqu’à 1heure du matin selon nos informations avant que la prolongation ne soit signifiée à Hakim Karki dimanche.
Une confrontation aurait dû avoir lieu, mais la victime devait partir dimanche pour la métropole; son billet était pris de longue date. Les événements, l’auront poussé à ne pas retarder son vol, empêchant un moment très important de cette enquête.
Voilà pour les éléments connus, rapportés encore une fois par les deux parties mais dont la motivation est bien divergente. Une question se pose alors. En imaginant que le consentement ait été mutuel pour une relation brutale, pourquoi alors déposer plainte le lendemain après pris du plaisir ? Le sado masochisme n’est pas un crime en soit, il s’agit tout au plus d’une déviance qui n’implique pas que l’on s’en plaigne juste après avoir consommé…
Lorsque la nouvelle s’est répandue, comme une traînée de poudre à Mayotte et à jusqu’à La Réunion au moment du placement en garde-à-vue, il y a eu comme un fantastique moment de silence. Etait-ce une blague dont personne ne trouvait la chute, un mauvais poisson d’avril, une fausse rumeur ?
Non, l’affaire était bien là avec deux paramètres fondamentaux à prendre en considération. Le premier, la présomption d’innocence pour le juge Karki et le second, le respect pour la victime, il appartiendra désormais à la justice de conduire l’instruction qui doit être confiée au tribunal réunionnais.
Or, très rapidement, les voix se sont élevées. Dans une affaire de viol en règle générale avec une personne lambda, les accusations ne sont en aucune manière remises en question par la vox populi. La culpabilité fait partie de l’intime conviction du plus grand nombre. Mais dans ce cas, c’est tout le contraire qui s’est produit, Hakim Karki incarnant pour le territoire le dernier rempart de la justice, celui qui protège le faible et se bat pour la vérité.
La mariée était trop belle, l’affaire tombait au meilleur moment, celui où le magistrat doit rendre ses ordonnances de renvoi dans les dossiers Roukia et GIR pour des procès très attendus.
Après avoir été convoqué à La Réunion il y a quelques jours pour se faire remonter les bretelles par son supérieur le juge Ferrière, après avoir dû répondre à une procédure disciplinaire à Paris, après avoir été mis en cause par sa direction localement au cours d’une inspection commanditée rien que pour savoir comment fonctionnait les rapports entre Hakim Karki et son ex collègue le juge Boehrer, l’histoire était toute faite, il ne pouvait s’agir que d’un complot contre le chevalier blanc protecteur des opprimés. Hakim Karki était alors considéré comme victime le week-end dernier, nombreux étant ceux à évoquer cette société coloniale qui refuse de disparaître à Mayotte et qui était tant combattue par le magistrat.
Chacun y est allé de son argumentaire, se rappelant de l’affaire du GIR, de Gérard Gautier et Christophe Lemignant qui ne feront pas 96 heures de garde-à-vue car la doyenne des juges d’instruction du tribunal de Nanterre ne sera pas venue à temps pour leur signifier, comme par hasard. Que dire encore dans le dossier Roukia des auditions des hommes du GIR en juillet 2011, pour lesquelles le général Veschambre aura demandé par mail au magistrat de les stopper, puis de les reporter, violant le principe de la séparation des pouvoirs.
Il y a eu tellement d’anomalies et de pressions dans ces affaires pour dégager et dessaisir Hakim Karki, qu’il était impossible que ces accusations de viol soient fondées. Il ne pouvait s’agir que d’une nouvelle et ultime machination pour faire tomber l’homme le plus fort de France, celui que personne ne pouvait déboulonner à moins de le faire tomber pour un crime répugnant.
Un comité de soutien tout d’abord désiré par les interprètes du tribunal a germé samedi, mais peu à peu, le doute s’est instigué et les voix se sont faites moins fortes.
Car une chose est certaine, il y a bien eu relations sexuelles au cours desquelles, le magistrat explique que des coups ont bien été donnés, à la demande de la jeune femme selon lui.
Une question se pose alors : comment un homme si exposé, si surveillé, un gardien de la justice, de la moralité, appelé à juger, à instruire des affaires de violences, de viols, de meurtres, peut avoir souhaité partager des moments intimes avec une personne en lui faisant subir ce que la raison et la loi peuvent réprouver ?
C’est une frontière qu’il lui appartiendra d’expliquer à la justice qu’il a servi jusqu’à la semaine dernière.
Au delà du crime dont est accusé le juge Karki, il convient de mesurer les conséquences de cette affaire. Il ne pourra plus continuer à conduire ses dossiers, le temps de l’instruction et de l’affaire. C’est impossible.
Comment pourrait-il poursuivre ses fonctions avec de telles suspicions ? Le caractère brutal des faits qui lui sont reprochés par S. ne peut pas coïncider avec le travail qui faisait de lui le protecteur de la veuve et de l’orphelin. Les mesures de contraintes d’un placement sous contrôle judiciaire empêcheront tout accès, ne serait-ce qu’à son étude et l’ensemble de ses dossiers seront confiés par la force des choses à un autre magistrat instructeur.
Le complot est là, dans chacune des pensées, hurlant que ce viol présumé arrange les affaires d’une justice pointée du doigt, une justice française à deux vitesses
Mais à bien regarder, quelle que soit l’issue de cette affaire, c’est bien toute la justice qui est aujourd’hui salie, l’appareil dans son intégralité vient une nouvelle fois de perdre un pan de sa crédibilité ce que personne ne souhaitait bien évidemment ou n’était en mesure de désirer. Les conséquences sont trop lourdes, elles sont immenses et elles devront être gommées à tout prix par le respect total et absolu de la présomption d’innocence pour le magistrat, mais aussi par le plus grand respect pour celle qui se dit être victime.
Source modifiée de Philippe Creissen
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