Premier flic de France dans les décennies 80 et 90, Charles Pasqua est mort le 29 juin à l’âge de 88 ans, de problèmes cardiaques. Ce Corse, à l’accent chantant, représente le gaullisme mais aussi une certaine classe politique habituée des affaires obscures. Ancien résistant, membre du SAC (Service d’action civique) la « police parallèle » au service du gaullisme, il a marqué ses passages au gouvernement. Au Pays Basque, il est surtout connu pour sa politique répressive envers les militants d’ETA.
Charles Pasqua n’a rien inventé en la matière puisque ce virage avait été pris par le gouvernement socialiste sous François Mitterrand. Cependant, le Premier ministre, Jacques Chirac (RPR), met en place la 14e section antiterroriste en octobre 1986, pendant la cohabitation. Ce service dépendant du parquet de Paris assure une compétence nationale unique pour les procédures judiciaires en matière de terrorisme. Ce qui facilite les choses à Charles Pasqua qui occupe alors la fonction de ministre de l’Intérieur.
« La répression atteindra son acmé avec la grande rafle du 3 octobre 1987, raconteEllande Duny-Pétré dans Enbata, ‘A l’heure du laitier’, 2 000 policiers français procèdent à 120 interpellations » qui aboutissent à des expulsions et des assignations à résidence. Il poursuit : « la fameuse sentence du ministre de l’Intérieur Charles Pasqua: ‘La démocratie s’arrête là où commence la raison d’Etat’, vient justifier le tout ».
Avant cet épisode déjà, « cent soixante militants sont incarcérés entre l’arrivée de C. Pasqua à la place Beauvau au printemps 1986 et le mois de septembre 1987 ; 92 sont ensuite remis à la police espagnole », raconte Jacques Massey dans son livre intitulé « ETA- Histoire secrète d’une guerre de cent ans ».
Etape clé dans les relations franco-espagnoles
Dans son entreprise, il compte sur un ancien directeur général de la police nationale Robert Pandraud. « A Madrid, leur arrivée aux affaires est aujourd’hui encore considérée comme une étape clé des relations franco-espagnoles », selon Jacques Massey. L’opération à l’encontre de la société d’Hendaye, Sokoa, en 1986, serait d’après l’auteur une marque de la volonté « de montrer leur détermination dans la lutte antiterroriste ». Une lutte qu’il reprend dans les années 90 à son retour au ministère de l’Intérieur.
L’ancien ministre a laissé une autre trace au Pays Basque : la structure de « pays » est régie par la loi dite Pasqua de 1995.
A l’annonce de son décès, Max Brisson, le secrétaire départementale des Républicains, a rendu hommage à l’homme sur Twitter : « Résistance, gaullisme, service de la France et de l’Etat, valeurs qui ont conduit beaucoup d’entre nous à prendre le relais ».
Source : Médiabask
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