France : Une journaliste censurée?

Compte rendu de mon audition

Hier soir, en écoutant ma messagerie fixe, une voix d’homme m’informe que je suis convoquée le lendemain au commissariat de police du… à 10h30 pour être entendue dans le cadre d’une plainte déposée contre moi pour diffamation et infraction à la charte déontologique de la profession de journaliste.

La plainte fait état de propos injurieux et diffamatoires tenus sur mon compte Twitter ainsi que de l’anonymat de ce dernier.
Interrogée pendant sept heures sur les « tweets litigieux », j’ai réfuté point par point les accusations proférées contre moi.
J’ai indiqué que la nature des propos que j’ai tenus relevait de ma liberté d’expression et que, par ailleurs, un journaliste n’était pas tenu de révéler ses sources, notamment en ce qui concerne des citations rapportées.
Il m’a également été reproché d’avoir fait mention « d’informations mensongères et dangereuses sur la présence des forces françaises en Libye » ainsi que de pratiquer une incitation à la haine à l’encontre de la communauté juive et à l’égard d’Israël. Accusations contre lesquelles je me suis vigoureusement défendue, en précisant que j’étais moi même issue de la communauté juive comme mon nom de famille le spécifiait très clairement sur ma pièce d’identité, mais que je m’accordais le droit et la liberté de dénoncer la politique conduite par un Etat, fût-il Israël, que tout cela ne constituait en rien une infraction au regard de la loi.
J’ai ensuite demandé à connaître l’identité du plaignant ou de la plaignante pour qu’il puisse y avoir  confrontation. Demande qui m’a été refusée sans que l’on m’en fournisse le motif.
S’agissant de la violation de la charte déontologique, j’ai fait valoir que son constat ne relevait pas d’un commissariat, mais de mon employeur et, éventuellement, d’un juge.
Je tiens à préciser que le commissaire qui a procédé à mon audition a été d’une extrême courtoisie, n’usant d’aucun moyen de pression ni d’aucune menace, directe ou indirecte (même si l’audition m’a paru bien longue). Nous avons même convenu que la plainte était exagérée, mais qu’il se devait de la traiter.  Dès lors, j’ai compris que le commissaire obéissait à un ordre. Venu d’où, de qui? Mystère!
J’ai clairement dit à l’officier de police qu’il était hors de question que je ferme mon compte Twitter et que je ne redoutais pas une action en justice.
Conclusion de cette folle journée: je vais poursuivre mon activité sur Twitter, tout en sachant que l’affaire pourrait prendre des proportions désagréables qui me mettraient nécessairement sous une certaine pression. On verra bien. Demain est un autre jour.

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