Les PagesJaunes, Mappy, Ooreka, Retail Explorer… Ces noms font partie des incontournables du web français. Et pourtant, ils pourraient disparaître, ou exister sous une autre forme dans les prochains mois. La faute à une dette colossale qui plombe les résultats de leur maison mère, la société SoLocal. Au total, ce sont 4400 salariés qui sont concernés.
Ce mercredi 19 octobre avait lieu l’assemblée générale de la dernière chance pour les actionnaires de l’entreprise. Ceux-ci ont rejeté le plan de restructuration financière destiné à faire passer la dette de 1,1 milliard à 400 millions d’euros. Du coup, l’avenir de SoLocal s’écrit de plus en plus en pointillés.
Pourtant, depuis 2006 et la vente de la participation de France Télécom dans la société, celle-ci a brillamment réussi sa mutation. Des bottins au web, le virage du numérique a été opéré rapidement et avec un certain succès. Aujourd’hui, le chiffre d’affaires s’élève à 872 millions d’euros, pour un bénéfice opérationnel de 218 millions d’euros. Des partenariats ont été tissés avec les géants américains, Google, Facebook, Apple et Microsoft et le modèle économique est viable, même si les résultats se sont légèrement détériorés ces derniers mois.
La dette, telle un terrible boulet
L’ennui, c’est qu’il ne reste pas un sou à investir dans le développement et l’innovation. La dette est un boulet terrible. Entre 2006 et 2011, des dividendes astronomiques ont été versés à ses actionnaires (Le Monde cite le chiffre de 4,5 milliards d’euros). L’opération d’achat à effet de levier (ndlr : qui consiste dans le rachat d’une entreprise par endettement) s’est soldée par un échec. Selon un salarié, « les fonds de pension américains qui avaient acheté largement au-dessus de sa valeur l’ancienne filiale de France Télécom, se sont remboursés en ingurgitant tous les bénéfices de l’entreprise », et ce pendant cinq ans.
Ainsi, alors que France Télécom – devenu Orange – sortait du marasme, l’ex-Pages Jaunes se trouvait de plus en plus exsangue.
Et maintenant que les fonds spéculatifs se sont bien servis, les petits porteurs comptent avec amertume l’étendue des dégâts. LeMonde cite l’exemple de cet actionnaire « qui avait en moyenne acheté ses actions 116 euros. Elles n’en valent plus que 3 aujourd’hui. »
Du coup, les petits actionnaires n’ont pas voulu (ou pas pu) remettre la main à la poche pour réaliser l’augmentation de capital qui aurait permis d’éponger une partie de la dette.
Dès le mois de novembre, les créanciers pourront exiger le remboursement de leurs avoirs, ce qui pourrait conduire SoLocal à déposer le bilan. Et laisser un paquet de salariés sur le bord du chemin.
Source modifiée : Sudouest